Eveil d'une Ombre [Pv]

"Hokage..."

Cette voix soupirante et pourtant pleine d'espoir venait de percer la nuit. Comme la dernière note d'une symphonie, comme la sensible qui tend irrémédiablement à se transformer en tonique, ce mot laissait derrière lui un écho langoureux, tendre de milles souvenirs, de milles caresses. Cette nuit était vraiment magnifique... un ciel bleu foncé, fait d'une encre unique, qui tout en restant bleu laissait entrevoir toutes les couleurs. Cet océan céleste recelait des joyaux, une mine de diamants dont chaque scintillement trahissait un rêve, un espoir, une vie... Même la brise était lourde de pensées, de rêves nocturnes, d'idées frivoles, de râles érotiques . Cette caresse, car il n'y aurait pas d'autres mots pour décrire l'action du vent, cette caresse effleura doucement une peau humaine, avant de se perdre dans une foret de lianes rouge. Quelle était cette douceur dans l'atmosphère? Pourquoi tout apparaissait déguisé de poésie? Certaines questions resteront sans réponses...

Sur le mont Hokage, puisque c'est ainsi qu'on le nomme se dressait un homme. Dresser ne serait peut-être pas le mot, car l'individu était assis sur l'herbe fraiche, contemplant de son trône les toits du village, le ciel, le monde... Ses doigts caressaient doucement la terre, jouant avec son pelage vert et doux. Un corps fin et musclé, un visage délicieux, cet être témoignait d'une beauté exquise, ou plutôt il incarnait cette beauté. Son corps svelte aurait donner à n'importe qui une envie de sensualité. Ni trop caché ni trop dévoilé, il suggérait un plaisir interdit, ou plutôt il le chuchotait, timidement, à l'insu même de son possesseur. Quelqu'un avait déposé un kimono de soie rouge sur cette peau, un kimono rattaché par une ceinture de sang qui offrait au monde le buste mi dénudé d'Aoshi. Par dessus ce kimono coquin s'imposait une cape de velours, noir. Elle s'initiait, comme une mère, entre la fragilité du corps et la frivolité du kimono.

Habillé comme un prince, Aoshi consommait cet instant. La vue qui s'offrait à lui était inépuisable, car chaque fois qu'on pensait saisir l'ensemble, un détail levait la main, et montrait l'emplacement d'un autre trésor. Il y avait tout d'abord les bâtiments du villages. Entre les maisons et l'académie, en passant par la tour de l'Hokage. Grande et fière de son bois et ses tuiles, cette tour dominait de loin tous les autres. Insolente et prétentieuse, elle se tenait droite et ostentatoire, mais à jamais et pour toujours... immobile. Ce grand pieux de bois courbait cependant la tête face à l'adversaire ultime : Le ciel... Qui pourrait se vanter d'égaler une nuit étoilée? Ou plutôt, qui pourrait s'en vanter sans mentir? Ce bleu marine scintillant hypnotisait littéralement Aoshi. Lui, l'Hokage, lui dont la puissance devrait-être légendaire, lui qui était comme "l'ombre d'un Dieu" venait d'être facilement battu. Son adversaire n'a eu besoin d'aucun jutsu. Une seule et ultime action avait-été nécessaire, celle de venir sur la zone de combat... C'est exactement ce qu'avait fait cette nuit : se présenter aux yeux de l'Hokage et elle avait gagné.

Les bras du ninja s'étirèrent. Je dis les bras car hypnotisé comme il l'était, Aoshi n'avait sûrement pas du commander ce mouvement. Une mécanique depuis longtemps réglée avait pris les reines de son corps, pendant que son esprit vagabondait, comme toujours. Cela ne faisait que quelques jours qu'il était Hokage, et il l'avait bien compris, cela n'est pas du tout aussi excitant qu'il y paraissait. La plus part de son temps il le passait à... Signer, Lire, Signer, Lire, Écrire, Signer, Lire, signer, lire,lire, signer... La mort récente du Maudit avait laissé une telle pagaille, que le shinobi n'avait même pas pu partir en mission... et pourtant Dieu seul savait combien il en avait envie! Le sous effectif de Konoha était quand même hallucinant... Des génins! Des génins avaient été envoyés pour une mission de rang S. Déjà qu'un Chuunin cela étonne, alors un génin! Ou son sensei avait-il la tête? D'accord ce Ryukke était prometteur... mais il avait beau être bourré de talents, si il est mort...
Toutes ces questions avaient occupé Aoshi tout au long de la journée... et la réponse était évidente, il devait y aller! Une mission de rang S bon sang! Et pendant que ses shinobis risqueront leurs vies, lui il serait tranquillement assis? Non! Il devait aller pour ses ninjas, combattre Avec eux, et mourir Sans eux si nécessaire.

Alors qu'Aoshi se perdait de plus en plus dans sa propre âme, un chat s'approcha discrètement du ninja.

"N'essaye pas pas petit! Je t'ai vu venir depuis deux bonnes lieux!"

Au moment ou l'hokage prononça cette phrase, le chat fut entouré d'un petit nuage de brume et devint un jeune garçon, de 10ou 11ans tout au plus. Son teint était blanc, ses cheveux noirs, et lisses comme de la soie. L'enfant sourit, avec ce visage innocent qui vous fait chaud au cœur. N'allez pas croire qu'Aoshi avait un fils! Loin de là, mais comme tout village, Konoha à son lot d'orphelins... et en tant que père du village il était également le père de tous. C'est ce que prouva l'Hokage en prenant l'enfant dans ses bras avec un grand sourire. Il aimait ses shinobis et ceux-ci lui rendaient la pareille ; il respectait la vie plus que tout... autant de qualités qui vont à ravir à un Kage... dans ses saisons de paix en tout cas. Il était le Mur de Konoha, et fidèle à son rôle il prendra le premier impact, dusse être sa dernière souffrance.

Shinori assistait à la scène...invisible dans l'ombre d'un rocher, immobile et silencieux. Il observait chaque geste de l'homme assis sur l'éminence herbeuse.

Quelques jours plus tôt, le conseil avait finalement tranché pour choisir le nouvel Hokage. Sa nomination avait été ponctuée d'un grand rassemblement, de nombreux discours et d'une fête monumentale où l'intégralité des habitants de Konoha avaient été présent, tous, sauf lui... Il avait passé toute la nuit des festivités barricadé aux tréfonds de sa chambre, noyé de sueurs froides et tremblant de la peur la plus primale que peut connaître l'être humain, la peur d'être terrifié. La musique, les rires, la rumeur sonore de cette foule joviale, ces sons étaient pareils à des images de meurtre pour l'adolescent. Jamais il n'aurait cru percevoir une si monstrueuse masse de gens, c'était abominable. La simple idée de sortir et de la voir de ses yeux, image de tourmente si en existait une, l'emplissait d'un effroi indescriptible.

Ainsi, le jour où fut nommé Hokage, l'aimé de tous, Aoshi Yu, demeura un souvenir de martyre pour le frêle jeune homme, abandonné dans sa solitude aux caprices sadiques de sa phobie. Le nom de cet homme éveillait depuis chez Shinori une pulsation d'effroi inexplicable, séquelle d'un traumatisme encore frais, qui transformait sa vie en un enfer perpétuel. En réalité, il ne pouvait arrêter d'y penser. Les mots maléfiques tournoyaient sous son crâne tels des esprits tourmenteurs. En fait, ce nom suscitait chez lui une émotion supérieure à la menace qu'il évoquait, une pulsion plus forte que la volonté, la curiosité. Qui était-ce? Il ne l'avait jamais vu, n'avait jamais entendu le son de sa voix.

La mort du Kage maudit avait laissé en Shinori une impression étrange...l'indifférence la plus totale. Vivant en reclus pour cause de sa phobie, le jeune Nara ne l'avait jamais croisé autrement que pour recevoir sa prochaine mission, il n'avait aucun bon moment à pleurer, aucun souvenir à se rappeler : C'était le néant. Ce vide lui avait laissé une impression de manque impérieux, une tristesse profonde, comme s'il était passé à côté de quelque chose de très important pendant toutes ces années. Il ne voulait plus commettre la même erreur. Il voulait comprendre ce lien que ses camarades avaient partagé avec leur défunt Kage...il voulait le vivre.

Poussé par sa curiosité, Shinori avait attendu longuement au pied de la tour, depuis deux nuits, cherchant le moment où le grand homme serait, comme cette fois, amené par ses réflexions à sortir de son repaire pour savourer la beauté de la toile céleste.

"Hokage..." soupira l'homme à la crinière de feu, emplissant la nuit de ce mot simple, mais lourd de sens.

Le frêle adolescent n'avait plus peur désormais, le visage qu'il voyait ici ne pouvait nullement coexister avec cette émotion abjecte. Il se sentait porté par la nuit, serein. Il eut soudain l'impulsion de vouloir se rapprocher du Kage pour partager avec lui cette douce atmosphère. Timide, il se dissimula d'abord sous une illusion...l'apparence d'un simple chat...puis il s'approcha tranquillement de l'homme assis.

"N'essaye pas petit! Je t'ai vu venir depuis deux bonnes lieux !" lança l'homme rouge, se retournant pour le regarder.

Le visage du Kage était si profondément empli d'amour que Shinori se sentit plongée dans la mélancolie. Ce regard...on aurait dit celui de son père...avant l'événement, avant le coma, avant la bave sur l'oreiller et les draps souillés, avant l'injustice absurde de la vie...

Dirigé par une pulsion étrange, presque malsaine, le frêle jeune homme plongea en entier dans cette mélancolie et cette illusion du passé. Il reprit son apparence humaine...celle qu'il avait trois ans plus tôt, avant toutes ces horreurs. Il sourit au Kage sous son masque d'enfant et se précipita dans ses bras, les bras du père qu'il avait perdu, les bras qui lui manquaient plus qu'il ne pouvait l'avouer. Des larmes coulèrent sur ses joues pâles, scintillant sous la lueur des étoiles. Nul n'aurait pu dire si elles étaient de joie ou de peine, pas même lui.

Emporté par ses émotions et affaibli pas la fatigue de ses nuits blanches successives, l'adolescent ne se rendit pas compte que l'illusion s'était dissipée. C'était donc en temps que lui même, un jeune Chuunin de 16 ans qui en paraissait plutôt treize, qu'il se serra désespérément dans les bras de l'Hokage en quête de quelque chose qu'il ne comprenait pas vraiment lui même.

Une fois la déferlante passée, Shinori se laissa docilement repousser par cet inconnu au visage paternel et s'assit à ses cotés, tranquille. La nuit était son refuge, la Lune, sa confidente. Seules les heures suivant le crépuscule pouvaient lui apporter cette sérénité si précieuse. Alors qu'il respirait profondément l'air frais de minuit, les yeux encore humides de ses larmes confuses, l'homme à la crinière de feu lui parla soudainement, comme sous une impulsion.

"Aimes-tu les étoiles?"

Sans laisser réellement au frêle garçon le temps de répondre, l'Hokage continua sur sa lancé, comme si cette question n'était qu'introduction à un message autrement plus important. Des paroles brulantes d'une passion libérée jaillirent des lèvres de l'Ombre du Feu, apportant aux oreilles du jeune Nara des mots simples et beaux, les mots d'un rêveur. Shinori était loin d'être un philosophe, il se tenait à bonne distance des questions existentielles et autres discours nébuleux qui auraient pu lui rappeler certaines choses qu'il jugeait préférables de conserver dans l'oubli. Néanmoins, il réussit à voir entre le flou de ce discours ce qu'il avait besoin de savoir. L'Hokage était un homme bon et généreux, un idéaliste, mais aussi un sage en devenir...et il l'aimait. Même le plus grand des dramaturges n'aurait pu imiter CE regard, un regard que personne ne peut oublier : le regard du sacrifice, le regard de l'attachement, l'étincelle de la vie.

Redressant enfin la tête pour fixer ces étoiles tant vantées, les perles noisette du jeune Nara croisèrent les prunelles émeraude du grand homme. CE regard...Shinori dut brusquement détourner les yeux. Il savait maintenant pourquoi il avait pleuré : la tristesse...le manque cruel du seul qui avait vraiment cru en lui...Ce substitut de père ravivait la douleur de la perte du véritable.

Mais, pourtant, il se sentait bien près de cet homme...Pourquoi ?

Pourquoi... murmurra-t-il en écho à ses pensées, à peine plus fort que le battement d'aile d'un papillon.



(HRP: Pardon du retard, je n'avais pas beaucoup de temps cette semaine J'espère qu'il y a assez de contenu...j'étais un peu à court d'idées.)

Alors que le regard de Shinori était perdu dans le néant, déconnecté de sa pensée, l'esprit du jeune Nara était, lui en ébulition. Tous ces souvenirs remontant à la surface, tant de couteaux cruellement tournés dans la plaie...Il aurait du se tordre de chagrin sous le clair de Lune ! Pourtant, il n'avait échappé que quelques larmes. Un an plutôt...

(Hrp : En construction, pardon de mon extrème retard, je ne peux pas le justifier (shame on me). Aussi, j'aurai bien achevé le post, mais mon ordi a décidé de planter alors que j'étais en train de corriger...Je vais essayer de compléter au plus tôt. Encore désoler ^^)