Retour Nocturne (PV Tsukimi)

La nuit avait depuis plusieurs heures posés sur le village caché de Konoha le voile de l'obscurité, plongeant ses habitants dans les ténèbres. Il fesait un noir d'encre dans la petite pièce de la vieille demeure. Le vent soufflait fort contre les murs de l'habitation. Chaques bourrasques faisait grincer le bois et sifflait sinistrement en s'infiltrant par les fissures des fenêtres. Une lourde odeur de poussière emplissait les lieux, témoin du désordre indescriptible qui règnait partout dans le bâtiment. En fait, la pièce elle même était désormet le seul endroit épargné par le fouillis, mais les relents parvenaient tout de même à s'infiltrer par le plancher pour impregner rideaux et draps de la chambre du jeune Chuunin.

Shinori était au centre de son grand lit, entortillé dans les draps, sa silouette chétive donnant l'impression d'être perdue dans l'océan de tissu qui l'entourait. Il se tordait sur son matelas, incapable de trouver le sommeil, se tournant et se retournant encore, replaçant son oreiller. Peine perdue, il ne parviendrait jamais à se rendormir...c'était toujours la même chose. Quand il fesait ce cauchemard, une tension sournoise appenchait ses paupières de demeurer fermées, et ce jusqu'à l'aurore. Jamais il ne se souvenait avec exactitude...seul le bruit demeurait...cette rumeur entrecoupée de sons plus secs : le bruit de gens vaquant à leurs occupations...beaucoup de gens...trop pour être vivable, du moins pour lui.

Chassant le souvenir désagréable de ses pensées, Shinori oublia ses derniers espoirs de repos et repoussa ses draps. De toute manière, il avait récolté d'une blessure à l'épaule gauche lors de sa précédente mission. Ce n'était rien, mais elle commençait à cicatriser et ça le démengeait atrocement. Il n'aurait pas pu dormir bien longtemps de toute façon. Sur cette pensée, Shinori se redressa dans son lit, déterminé à ce que son insomnie lui serve au moins un peu. S'il ne pouvait pas dormir, aussi bien s'occuper, non ? Le jeune Nara trouva en tatonnant le bouton de sa lampe et quand il pu enfin y voir un peu, s'empara d'un vieux livre qui trainait à coté de son lit. Décidément, rien ne valait l'étude des plantes médicinales pour passer le temps par une nuit sans lune...

Il n'avait pas posé sa main sur la première page qu'un bruit incongru à cette heure lui fit arrêter son geste. Toc toc. On cognait simplement à sa porte. Le bruit résonna doucement, légèrement mais pourtant, l'atmosphère sembla plus lourde tout d'un coup.

Dehors, il pleuvait. Une légère bruine arrosait les dalles des rues, provoquant un doux son aux oreilles du visiteur nocturne. La pluie était un peu trop froide, mais pas assez pour le chasser. Cela l'apaisait, en fait. Contre sa hanche, une pression venant de son compagnon velu et chaud sonna comme une interrogation. La main qui se posa sur le garrot du quadrupède se fit rassurante; ils avaient cessé leurs voyages.

Il fait sombre aussi, à cette heure. À l'est, l'horizon se teintait à peine du rose de l'aurore. Konoha n'était guère allumée; quelques lueurs provenant de veilleurs tardifs et de ninjas en patrouilles consistaient la seule lumière visible. Le visiteur leva ses yeux au ciel. Les étoiles étaient invisibles. Son ami se fit soudain plus tendu et, comprenant instantanément, il retourna son attention sur la porte. Un léger bruit avait attiré son attention derrière. Un sourire fatigué étira ses lèvres. Shinori était-il toujours aussi prudent? Peut-être croyait-il à un ennemi? Il est vrai que, maintenant, elle-même savait camoufler son chakra; le fait de sentir une présence sans pouvoir vraiment la voir devant accentue sa méfiance.

La porte s'ouvrit enfin, et Tsukimi leva la main droite près de sa tête en signe de salut.

- Bon matin Shinori... Je suis... de retour, murmura-t-elle gravement, d'une voix plus rauque que dans le souvenir du ninja.

Le sourire de Tsukimi avait disparue, et elle prit une grande inspiration en contemplant son (ancien?) ami. Elle avait beaucoup changé, et il le remarqua vite. Son teint avait largement bruni, et sa peau avait prit une couleur chaude semblable à un caramel pâle. Ses cheveux avaient poussés; maintenant à l'épaules, ils s'étendaient en l'habituelle crinière indisciplinée qui la caractérisait. Deux mèches, sur l'avant, étaient retenues grâces à des lanières de cuir usé. En fait, tout ce qu'elle portait était usée. Un vieux pantalon qui devait être autrefois vert couvrait ses jambes, et le bas était déchiré. Elle était d'ailleurs nu-pied. La camisole noire qu'elle portait s'effilochaient à maintes places, sans oublier les trous et les tâches verte et brunes qui la couvrait. Pas de sac, pas d'arme. Elle aurait semblée démunie, si on aurait pas remarqué son attitude. Elle se tenait droite et raide, et son corps, bien que mince, semblait solide comme le roc; ses muscles étaient noueux et fort, et elle n'avait pas une once de graisse.

Et puis son regard... Elle n'avait plus cette hésitation constante, cette peur et cette timidité. Cela n'avait pas disparut, mais avait été placé derrière autre chose. L'expression de Tsukimi était sérieuse et grave. Elle n'était jamais capable d'être parfaitement impassible, elle qui n'était pas douée pour cacher ses émotions. Mais on sentait la maturité qu'elle avait acquise durant cette année d'exil. Elle semblait épuisée, et une étincelle de tristesse luisait dans son regard vert pâle. C'était toujours elle. Mais elle avait changé,

Un jappement étouffé retentit à ses côté. Tsukiyo voulu attirer l'attention de Shinori. Il n'était pas sans orgueil, et il fixa fièrement le ninja de ses pupilles ambré. Il était vrai qu'il avait... indiscutablement grandit. Son garrot atteignait les hanches de Tsukimi, ce qui faisait de lui un loup impossiblement grand. Grand comme un mulet, sa tête s'inclina sur le côté et une langue rose pendit soudain entre ses crocs féroce. Comme un sourire.

- Désolé de venir comme ça... intervint soudain Tsukimi, légèrement inquiète mais sans trop le laisser paraître. Je ne savais pas qui aller voir...

Une expression contrite passa fugitivement sur son visage, et elle haussa les épaules. Ce qui lui arracha une grimace de douleur, aussitôt suivit d'un glapissement inquiet de son compagnon à quatre pattes. Shinori pu alors remarquer qu'elle était blessée; une plaie profonde ornait son mollet gauche, et le kunai ensanglanté qu'elle tenait dans sa main en désignait la provenance. Elle grimaça de nouveau; par-delà son épaule, une petite lame était aussi visible... elle avait un shuriken dans l'omoplate.

Shinori eut à peine tourné la première page du volume qu'il entendit un son léger en provenance du rez de chaussé. Quelqun cognait à sa porte...Intrigué, l'adolescent quitta son lit, enfila ses pantoufles et prit la direction de l'escalier. Mais qui pouvait bien venir à cette heure ? Certainement pas sa mère...elle ne venait jamais. Un ami ? Il pouvait toujours rêver. Une mission d'urgence peut-être ? Il pressa le pas et arrivé au bout du couloir obscur qui partait de sa chambre, mit le pied sur la première marche, puis se tendit brusquement comme une barre de fer. Une pression sourde se fit sentir au coeur de sa poitrine. Les yeux écartillés, il fixa le bas de l'escalier et revu ce qui s'était tenu à cet endroit deux ans plus tôt, une vision macabre, son père gisant dans une marre de sang. C'était par une nuit sombre, un bruit avait réveillé Shinori qui s'était dirigé vers l'escalier, comme il était en train de le faire en ce moment, et quelqun avait essayé de le tuer et blessé gravement son père. L'histoire se répétait-elle ? Figé telle une statue, le jeune Nara tendit un bras et chercha à taton quelque chose pour se défendre. Il mit la main sur un de ses outils, un marteau qui trainait sur une tablette. Le serrant jusqu'à en avoir les jointures blanches, le chétif garçon posa son pied sur la seconde marche et descendit le sinistre escalier.

Le souffle court, il parvint au rez de chaussé, son coeur s'agitant comme un papillon furieux. Il scruta lentement la pièce du regard, son outil brandit sans grande assurance. Il resta ainsi plusieurs secondes, terrifié par le souvenir qui le hantait. Lorsqu'il comprit finalement que personne n'était entré chez lui, Shinori se détendit un peu, déposa son arme improvisé et se dirigea vers la porte. Encore tendu, mais intrigué de savoir qui pouvait bien venir le voir si tôt le matin, l'adolescent retira précaussioneusement les quatres barrures de sa porte et, après une grande inspiration, l'entrouvrit, découvrant un visage sur lequel il ne s'attendait absolument pas à poser les yeux.

**Tsukimi...**

- Bon matin Shinori... Je suis... de retour, murmura-t-elle gravement, d'une voix plus rauque que dans son souvenir.


Tout d'abord, il lui fut tout simplement impossible de réagir. Il était complètement estomaqué. Elle était partie, sans dire aurevoir. Cela faisait prêt d'un an...il l'avait crue morte. Mais elle était revenue...pourquoi maintenant ? Pourquoi lui ? Savait-elle ce qui se disait à son sujet dans le village ? Certains parlaient de déserteur, d'autres mâchaient moins leurs mots. Shinori n'avait jamais cru à ces ragots...mais un doute demeurait. Le jeune Nara eut soudain l'impulsion de refermer cette porte et de faire comme si rien ne c'était passé, mais il sut aussitôt qu'il ne le ferait pas. Il avait devant lui la seule personne qu'il, peut-être, pouvait appeler son amie. Elle était partie, puis était revenue, mais ça n'effaçait pas le peu qu'ils avaient pu partager.

Shinori remarqua vite qu'elle n'était plus exactement la même. L'insécurité naturelle qu'ils semblaient partager avait disparue de la facade de l'Inuzuka. Elle avait maintenant un visage plus dur et elle semblait plus agée, usée à la manière de ses vêtements. Qu'avait-elle bien pu vivre pendant cette année d'exil ?

Et le monstre à ses cotés... ce devait être Tsukiyo. Le jeune louveteau fougueux était devenu une bête impressionnante. Comme sa maîtresse, il avait bien changé.

Le jeune Nara, de son coté, devait donner l'impression d'avoir stagner pendant tout ce temps. En pijama sur le pas de sa porte, qui était désormet grande ouverte, il avait l'air d'un gamin de 13 ans. Il avait bien prit quelques centimètres depuis le départ de Tsukimi, mais il demeurait le garçon chétif et timide de jadis.

- Désolé de venir comme ça... intervint soudain Tsukimi, légèrement inquiète mais sans trop le laisser paraître. Je ne savais pas qui aller voir...

C'est alors que Shinori la vit tressaillir de douleur...Bon sang, elle était blessée ! Qu'est ce qui avait bien pu lui arriver ? Pas le temps de réfléchir, elle semblait perdre pas mal de sang au molet, la plaie était profonde. Comme à chaque fois qu'il était confronté à une situation urgente, le visage de Shinori changea radicalement, devenant l'incarnation même de la concentration. Le passage d'enfant julvenile à jeune homme mature était assez saisissant, surtout pour ceux qui ni avaient jamais assisté.

-C'est pas grave...Entre vite...Cette blessure ne peut pas attendre. dit-il après un bref instant de réfléxion. Il se demandait si il vallait mieux l'amener à l'hôpital ou qu'il s'en occupe lui même, mais l'apparance globale des blessures laissait croire que ses connaissances médicales suffiraient à faire le travail.

Tsukimi resta un long moment immobile, le visage imperturbable, sans le quitter des yeux. Avant elle aurait rougit, mais pour l'instant, elle l'observait plutôt d'un air songeur, longuement. Était-ce bien de venir ici? Aurait-elle dut se terrer quelque part pour être prête à faire face à tout le monde? Elle craignait de le mêler à tout ces problème. Elle en avait déjà assez, elle ne voulait pas l'impliquer là dedans. Finalement, un bref soupir s'échappa de ses lèvres, et elle ferma les paupière en signe d'assentiment.

- Oui.... Gomen (désolé), murmura-t-elle en le précédent.

Le dernier mot avait été presque inaudible. Elle avait aussi sourit fugacement, en voyant le brusque changement de personnalité de Shinori. Lui aussi avait vieillit. Ça lui fit presque un pincement au cœur. Elle aurait aimé qu'au moins une chose soit comme avant. Surtout lui. Malgré la brièveté de leur rencontre, elle voyait un véritablement ami en lui. Lui en voulait-il? Sans doute, même s'il ne le montrait pas. Elle avait fuit sans mot dire à personne; familles, amis, kage...

La maison avait des odeur de vieux bois, de poussière, cendre, renfermé, poudre, métal. Le tout était étrangement douillet, et Tsukimi cligna des yeux pour s'adapter à la pénombre. Tsukiyo la suivait d'un pas pesant; il avait dut se tortiller un peu pour passer à travers le cadre de porte. Elle soupira de nouveau, cachant son brusque membre d'équilibre. Elle était épuisée en fait. Elle avait fait les dernier kilomètres de voyage en une traite; cela devait faire.... 27 ou 28 heures qu'elle n'avait pas dormi. De toute façon, elle avait trop mal pour dormir, peu importe comment fatiguée elle était. Le fichu shuriken planté dans son dos remuait à chacun de ses mouvements. Mmmmmm du sang s'était remis à couler. C'était gênant.

Tsukimi fit le tour de l'entrée du regard. Cette pièce avait l'air sans vie. Ce n'était pas surprenant. Un adolescent qui vivait seul dans une grande maison? Ce devait être vraiment seul... Elle au moins avait Tsukiyo. Elle se sentit soudain mal à l'aise d'être là, d'avoir bouleversé son train train quotidien.

- Je... T'ai réveillé? demanda-t-elle d'une voix rauque. Question sans aucun intérêt, mais elle ne savait pas quoi dire

Shinori se poussa de l'encadrement et laissa entrer sa visiteuse surgite du passé, passé qu'il croyait révolu. Il referma ensuite la porte en prenant bien soin de remettre chacune des barrures à sa place puis se retourna vers Tsukimi, qui semblait humer l'air de sa vieille demeure. Tsukiyo quand à lui se tenait à ses cotés. Le jeune Nara eut soudain une petite monté d'inquiétude en imaginant ce mastodonte se promener entre ses étagères en équilibre précaire et ses nombreux et fragiles prototypes, mais il fronça les sourcils et enterra cette pensée égoïste...du moins pour l'immédiat.

- Je... T'ai réveillé? demanda l'Inuzuka, fesant visiblement référence à son pijama et ses pantoufles.
L'adolescent se sentis brusquement mal à l'aise de se tenir ainsi vetu et perdit un peu de l'assurance qu'il présentait un peu plus tôt, le sang lui montant aux joues.

-Non...en fait, je ne dormais pas... Bon, attend un peu...

Shinori se précipita vers un fauteuil rembourré qui tronait dans un coin de la pièce, ensevelis de vêtements troués et d'objets divers. Il poussa le monticule sur le coté puis épousseta rapidement le dossier de quelques tappes.

Tiens...assied-toi, je reviens avec de quoi m'occuper de ces blessures... Ajouta-t-il après un bref regard vers son invitée en désignant la nouvelle place assise qu'il venait de déblayer.

L'adolescent se dirigea ensuite vivement vers l'escalier, disparu dans l'encadrement, puis recula d'un pas, réaparraissant brusquement au pied des marches. Il jeta vers Tsukimi un regard empreint d'un soulagement sincère.

Je suis heureux que tu sois de retour...

Puis se rua dans les escaliers, mal à l'aise. C'était sortis tout seul. Mais c'était vrai, maintenant qu'il y pensait, bien sur il lui en voulait un peu. Il l'avait crue morte...elle n'avait donnée aucune nouvelle.Quand i lavait été ainsi laissé dans l'ignorance, il avait pensé qu'elle ne partageait pas l'importance qu'il accordait à leur amitié naissante, mais il lui aurait été impossible de lui en vouloir assez pour étouffer le soulagement qu'il ressentait désormet au fond de lui, ce soulagement de la savoir vivante...mais aussi d'avoir sa confiance, même après un an. Qu'elle soit venue chez lui en pleine nuit, blessée, voulait bien dire qu'elle lui en accordait un peu, non ?

Une fois à l'étage, Shinori commença par enfiler en vitesse un kimono et un pantalon, puis il se dirigea vers son étagère de médecine et y choisit prestement un baume cicatrisant, du désinfectant, des bandages et son ensemble de couture. Ce devrait faire l'affaire...

Ces produits en main, le jeune Nara redescendit au rez de chaussé pour y retrouver Tsukimi, et, il l'espérait, quelques explications.

Tsukimi eut un petit sourire nostalgique en voyant Shinori si empressé et maladroit. La poussière qui s’échappa du coussin tapoté faillit la faire éternuer mais elle ne dit rien, et acquiesça. Tsukiyo se posta a côté d’elle, sagement assit, en humant l’air d’un air intéressé.

- Merci, répondit-elle à son offre de s’occuper de ses blessures. J’ai eue le temps de m’occuper un peu de ma jambe mais…

Elle ne sut quoi dire pour continuer, et baissa la tête, songeuse. Sa main caressait rudement la tête du gros loup. Encore une fois, les mots manquaient. Elle releva les yeux juste à temps pour voir une extrémité de pyjama s’enfuir derrière un mur, et soupira douloureusement. Maintenant qu’elle était assise, la douleur revenait en force, à chacune de ses inspirations.

- Je suis heureux que tu sois de retour....

Ces mots lui fit encore relever la tête, surprise. Juste à temps pour croiser son regard sincère et embarrassé. Un autre sourire étira ses lèvres : elle était désolée, et elle aussi, était heureuse d’être de retour, et de le revoir. Puis il s’enfuit, et elle rit un peu.

Elle se détendit, et posa sa nuque sur le dossier du fauteuil, se perdant dans la contemplation des poutres poussiéreuses du plafond. Son esprit s’égara alors qu’une langue lupine nettoya avec attention la main qui le flattait quelques secondaires auparavant. Oui, la voilà de retour. Après un an de fuite, d’exil de réflexion. Elle en avait grandement eue besoin, mais quand elle avait décidée de revenir pour faire face à tout ce qu’elle avait fui, elle n’avait pas tant réfléchis. Son… L’Hokage avait-il fait d’elle une nukenin, une déserteuse? Sa tête était-elle mise à prix? Logiquement, cela aurait du. Mais… vu qu’elle partageait un lien spécial avec lui… avait-il voulu faire exception? Encore une exception pour elle? Bien sûr, elle n’avait commis aucun crime. À moins qu’encore ce traitre d’Uchiwa Kangen avait mis sur ses épaules la mort des Uchiwa, dans la forêt près de la chute… L’Hokage l’avait-il écouté? Il connaissait sa fourberie, mais ce n’était peut-être pas suffisant… Kangen avait une influence et un poids politique non négligeable… Plus réaliste, il avait du accuser Nekko de ce meurtre, puisque l’Hokage ne le tenait pas dans son cœur. Et donc, elle serait accusée d’avoir intégré ce déserteur au village? Nekko… À la seule mention de ce nom, qu’elle avait refusé de prononcer, ou même d’y penser depuis plus d’un an, sa poitrine se serra douloureusement. Elle serra la mâchoire, respira profondément pour faire disparaître ce subit chagrin. Tsukimi aurait tellement voulu le haïr! Mais, alors qu’elle se redressait sur son dossier, seul une immense sensation de vide perdurait. Elle détestait cette sensation.

La Chunnin tendit l’oreille; il n’était pas encore revenu. Elle entendait des bruits d’objets qu’on déplaçait à l’étage supérieur. C’est vrai. Elle était chez Shinori, à Konoha… Elle se baissa et examinée sa blessure à la jambe. Le garrot qu’elle y avait appliqué avait empêché le flot de sang. Mais, lorsqu’elle le délia avec précaution, elle retint un gémissement de douleur. Elle avait trop serré, et la sensation du sang qui refluait dans son pied était particulièrement désagréable. Elle déchira le bas de son pantalon et le remonta aux genoux, pour faciliter les soins.

Lorsque Shinori revint, il la trouve profondément absorbé par ses soins. Sa jambe nue était couverte de sang, ce qui ne paraissait pas la troubler outre mesure. Elle avait posée ses mains de chaque côté de son mollet musclé et halé. Une lueur verdâtre en échappait, alors que le chakra se déversait dans la plaie. La blessure était une profonde entaille, et le jutsu de soins faisait effet lentement. Tsukimi n’était très douée pour les soins, car elle manquait encore cruellement de contrôle et n’avait pas une parfaite connaissance dans l’anatomie humaine. Mais sa grande quantité de Chakra jouait en sa faveur, ainsi que sa détermination. Totalement concentrée et l’air sérieuse, une goutte de sueur sur la tempe, elle ne remarqua pas l’arrivé de son ami

Lorsqu'il fut redescendu, Shinori trouva Tsukimi assise dans le fauteuil avec Tsukiyo prêt d'elle. L'Inuzuka avait remontée sa manche de pantalon et on pouvait voir l'intégralité de la blessure. Du sang suintait légèrement de la large plaie et la jambe entière était barbouillée de rouge. Ayant parfois eu à se recoudre lui même en cours de mission, Shinori n'était pas vraiment incommodé à la vue du sang. Cependant, savoir que Tsukimi en avait tant perdu l'inquiétait. Elle était forte, mais tout le monde avait ses limites.

Alors qu'il approchait de son invitée, l'air soucieux, Shinori remarqua la lueur verte qui émanait de ses mains. Il reconnu aussitôt le jutsu médical. Tsukimi avait-elle donc tant amélioré son controlle du chakra pendant la dernière année ? À ce qu'il en savait, ces techniques demandaient une grande minutie et un controlle presque parfait. Peut-importait pour l'instant, un simple jutsu médical ne pouvait tout faire, mais ce serait particulièrement utile pour compléter son travail dans cette situation.

Tsukimi ne l'ayant pas encore remarqué dans son extrème concentration, il s'avança encore un peu puis mis un genou à terre pour se mettre à la hauteur de la blessure. Les yeux levés vers la jeune femme, il murmurra, pour éviter de la surprendre :

"Hum..Tu me laisses jeter un coup d'oeil ? Vaut mieux éviter de refermer la plaie tout de suite...ça peut s'infecter et tu vas avoir une sale cicatrice*...Tu permets ?"

Shinori se sentait assez mal à l'aise dans cette position. Il était dans une posture inhabituelle et infiniment plus prêt de Tsukimi qu'il ne l'aurait été normalement. Lui même d'un tempérament très timide, il avait l'impression à la fois d'empiéter sur le territoire de l'Inuzuka et qu'on envahissait son espace vital, ce qui était plutôt destabilisant. Se forçant à ignorer la sensation désagréable, il ne changea pas de posture, attendant la réponse de la blessée.


*En effet, Shinori dispose d'exélentes connaissances en médecine: les Nara étant le fer de lance de la recherche médicale et scientifique à Konoha, il eut accès à de nombreux ouvrages à ce sujet. Par un simple regard à la blessure de Tsukimi, il avait déterminé que le risque d'infecton était assez élevé, la plaie semblant assez sale et profonde. De plus, une cicatrisation sans l'usage préalable de points de souture aurait pu laisser des traces sous forme de cicatrice ou d'un léger creux dans la jambe. Dans on contexte ou rien ne pressait, des soins conventionnel, complétés par des jutsus médicaux, sont favorables pour une guérison plus facile et une meilleure récupération.

Doucement, précisément. Le chakra devait s'infiltrer avec douceur dans les tissus. Tenter d'expulser les intrus en dehors du corps, puis refermer la plaie, de l'intérieur vers l'extérieur. Tsukimi en tremblait presque de concentration. Elle n'était décidément pas très douée pour cela, mais lle n'avait pas le choix. Cette technique l'avait sauvé d'innombrables fois.

Elle sursauta lorsque Shinori parla, redressant la tête d'un geste instinctif de défense. Elle fut surprise de trouver son visage à quelques centimètres du sien, et le dévisagea un bref instant, avec des yeux calculateurs. L'avoir surprise ainsi ravivait ses habitudes de survie, et la première chose qu'elle pensa c'est: "Un ennemi m'a surpris, comment l'éliminer avant qu'il m'élimine?". Puis elle le reconnu, et ses yeux d'animaux aux abois se fermèrent de soulagement. Elle sentit une légère rougeur envahir ses joues, alors qu'elle s'enfonça dans son fauteuil, embarrassée, comme pour échapper à son regard.

- Désolé, murmura-t-elle en détournant le regard.

Cela faisait décidément trop longtemps qu'elle avait quitté la civilisation. Tsukimi n'était plus dans cette forêt sauvage, où chaque instant de mégarde pouvait être son dernier. Elle soupira, puis détendit ses muscles raidis par la surprise.

- Euhm oui, vas-y, répondit-elle après un instant. Je suis un peu nerveuse ici, excuse-moi en. Mais tu peux y aller, tu seras sans doute plus efficace que moi... Une cicatrice de plus ou de moins...

Elle avait dit cette dernière phrase avec indifférence, en ôtant se mains de sa jambe pour laisser Shinori examiner sa blessure. Il était vrai qu'elle avait déjà de multiples marques; une longue cicatrice parcourait son pied nu, et deux petites marquaient son mollet. Elle avait apparemment l'expérience des blessures. Quand à la plaie, elle était effectivement profonde et sale. Mais l'infection ne semblait pas l'avoir encore gagnée; sans doute était-elle récente.

- Mmm c'est pas joli, avoua la shinobi, l'air grave. Il était plus rapide que je ne le pensais, sinon il ne m'aurait pas blessé...

Elle poussa un autre soupire un peu fatigué, et se força à ne pas se tortiller. Avoir un jeune homme accroupi devant elle à examiner sa jambe avait quelque chose d'assez gênant.

Shinori sursauta lorsque la jeune femme redressa la tête. La lueur fugitive qui avait traversée ses yeux était non sans rappeler le regard d'un prédateur face à sa proie. Il s'en fallu de peu pour que le jeune Nara, tendu comme il l'était, joingne ses mains dans la posture tant familière du Kagemane, un réflexe qui l'aurait peut-être sauvé dans une situation ou ce regard aurait duré plus d'une fraction de seconde.

"Désolé...Euhm oui, vas-y. Je suis un peu nerveuse ici, excuse-moi en. Mais tu peux y aller, tu seras sans doute plus efficace que moi... Une cicatrice de plus ou de moins..."

Visiblement, il l'avait surprise. Elle se calla dans le fauteuil poussiéreux pour lui laisser le champ libre de travailler, son regard revenu à la normale, avec peut-être une petite touche d'embarras en plus. Baissant à nouveau les yeux sur la blessure, Shinori apperçu les marques rougeâtres d'un garot trop serré sur la peau halée de l'Inuzuka. La plaie quant à elle commençait à se refermer, mais il n'était pas trop tard par y mettre des points de souture. Saisissant un linge humide, Shinori nettoya délicatement le pourtour de la plaie, enlevant le sang et la poussière qui l'entourait. Ensuite, il versa doucement un peu d'eau dans la blessure à l'aide d'une poire. Il s'attendait à un tressaillement, mais Tsukimi ne bougea pas d'un poil. Elle avait l'habitude des blessures...et de la douleur. Qu'est ce qu'elle avait bien pu traverser ?

Pendant qu'il s'affairait à nettoyer la blessure, Tsukimi lui dit quelque à propos d'un homme plus rapide qu'elle l'avait cru ou quelque chose du genre. Redressant les yeux vers elle, l'adolescent lui jeta un regard intérogatif puis retourna à son ouvrage sans insister plus...Elle finirait par en dire plus, sinon elle n'aurait même pas mentionner le sujet.

Saisissant le contenant de mousse antiseptique, Shinori recouvrit deux de ses doigts de l'épaisse substance jaunâtre et en enduisit minuscieusement l'intérieur de la plaie pour garantir une parfaite propreté. Cette fois, Tsukimi ne pu retenir un léger tresaillement, le désinfectant sur la chair à vif était rarement agréable. Il laissa agir une dixaine de seconde puis rinça à nouveau avec la poire. Il allait pouvoir commencer à recoudre...

Tsukimi tentait tant bien que mal de rester calme. Elle qui n'était pas de bases très à l'aise avec les contacts physiques, son exil avait encore empiré ce point. Après tout, elle était très vulnérable ainsi: elle n'était pas dans une position propice pour se défendre, et s'il aurait été un ennemi, il aurait dû en profiter et lui infliger de la douleur pour handicaper dans un combat.

Elle prit une autre inspiration, discrète pour ne pas qu'il le remarque. Elle le savait très perspicace, et il avait déjà du remarquer ses muscles tendus et nerveux. Elle fixa sans sourciller le sommet de son crâne, s'attardant au détail du moindre cheveux pour occuper son attention. Elle le sentait qui nettoyai efficacement la plaie. C'était inconfortable, douloureux mais supportable, et elle supporta le tout sans broncher. Par contre, l'antiseptique la surpris, et elle tressaillit, serrant les mâchoires pour s'empêcher de pousser un petit cri. Elle ne regretta pas d'être venu, mais n'avait jamais été très à l'aise avec toutes ces médecines.

Par contre, lorsqu'elle vit Shinori sortir un matériel de couture, Tsukimi posa une main sur son épaule et le repoussa légèrement. Elle croisa son regard interrogatif, et eut un petit sourire désolé.

- Ça va, je cicatrise rapidement. Ça devrait être refermé d'ici 2 ou 3 jours, donc tu peux ranger ça.

Son ton était résolu et, bien qu'elle ne détourna pas ses yeux lumineux, il était clair qu'elle ne répondrait à aucunes questions. C'était un secret trop sombre et trop dangereux pour qu'elle se résolusse à encore le partager. Être Jinchuriki apportait trop de soucis.

Elle remua un peu ses orteils (quelques peu sales) et observa la plaie. Il avait décidément fait un bon travail, et elle avait déjà commencé à se refermer. La Chunnin retint un ricanement. Qu'aurait dit Shinori si elle lui aurait révélé que la blessure avait été fait il y a une heure à peine, alors que son état de guérison montrait pourtant une évolution d'une bonne journée? Tsukimi était toujours aussi soulagée et surprise qu'il ne posait pas beaucoup de questions. Beaucoup n'aurait pas accepter qu'elle cache tant de secret, et aurait prit comme insultant sa réticence à parler d'elle-même. Elle n'en appréciait d'autant plus le Nara.

Et maintenant, ça allait être le tour de son épaule. Elle réalisa soudain ce que cela signifiait. Ce n'était pas le fait de se dénuder un peu qui la mettait mal à l'aise. Sa petite retraite avait effacé une grande partie de son inhibition habituel; elle n'en voyait plus l'importance. Par contre, il allait voir son dos... Cette perspective était beaucoup moins ignorable et plus gênante.

- Hum... alors, comment va le village? demanda soudain Tsukimi pour détourner l'attention. Son ton ne trompait personne, et seul les griffes tatoués sur ses joues camouflèrent sa soudaine rougeur.

Avec un peu de chance, il oublierait son omoplate, et elle se soignerait elle-même plus tard. Ce serait un peu plus douloureux (car une plaie sale qui se refermait était moins agréable qu'une plaie propre), mais moins embarrassant.

Alors qu'il venait de sortir son matériel de couture, Shinori sentit une main ferme se poser sur son épaule et le repousser légèrement. Le message était assez clair.

Ça va, je cicatrise rapidement. Ça devrait être refermé d'ici 2 ou 3 jours, donc tu peux ranger ça... Ajouta l'Inuzuka d'un ton sans équivoque...visiblement, elle ne devait vraiment pas aimer les aiguilles. C'était compréhensible, lui même avait ses propres petites phobies...petit étant dans son cas un euphémisme. Néanmoins, une telle plaie allait prendre plus d'une semaine à se refermer et une autre avant qu'une nouvelle peau commence à apparaître, des points de souture étaient presque incontournables pour une belle guérison.

Le conditionnement de médecin que lui avait donné son père poussait Shinori à ignorer les propos des patients récalcitrants et poursuivre les soins, mais Shinori n'avait jamais réelement été du genre à insister, surtout pas dans ce contexte. Il rengea donc ses affaires, puis recula un peu, soulagé d'être à nouveau à une distance normale pour converser. Ce soulagement fut pour ainsi dire presque palpable pour n'importe qui ayant un minimum de sens de l'observation.


Hum... alors, comment va le village?

La question avait été expédiée spontanément. En fait, Tsukimi semblait soudainement troublée, comme si quelque chose de très embarassant venait de lui traverser l'esprit. Étrange...mais bon, c'était personnel. La question prit Shinori au dépourvu...il n'en savais rien en fait. Il n'avait jamais été très mêlé aux affaires importantes du village. Un simple Chuunin parmi tant d'autre qui ne sortait pas beaucoup de chez lui en dehors des missions.

Alors qu'il réfléchissait à une façon pas trop gênante de répondre à la question sans démontrer son flagrant manque de contact, Shinori rassembla ses produits médicaux dnas un tas et les déposa sur une table ou trônait des restes de rations un peu défraichis. Il ne faudrait pas qu'il oublit de les replacer dans son sac plus tard, s'il advenait qu'il soit blessé en mission....Ah ! Oui ! Tsukimi était blessée à l'épaule...Il l'avait complètement oublié, ce devait être du à son trouble passager. Le jeune Nara récupéra son matériel et retourna vers Tsukimi.

"Heu...En fait..." Commença-t-il, cherchant une réponse convenable.

Pauvre abruti ! L'Hokage est mort ! Comment tu fais pour oublier ça ?

"En fait, l'Hokage nous a quitté...Une malédiction ou je ne sais pas trop...Je ne le connaissais pas très bien en fait (petit rire ironique) Personne n'a encore prit sa place...Ça fait un moment.."

Alors qu'il approchait de l'Inuzuka tout en parlant, Shinori contourna rapidement le fauteuil pour aller voir le shuriken planté dans son épaule. La blessure semblait mineure mais devait être douloureuse, il faudrait qu'elle enlève son vêtement pour qu'il puisse le retirer proprem...

"Ho..." murmurra-t-il, les yeux soudain écartillés.

L'adolescent interrompit brusquement son geste et recula d'un pas, passant à un cheveux de se cogner la tête contre une tablette. En quelques instants, son visage passa du blanc au rouge. Maintenant, il comprenait la source de la gêne de Tsukimi...Il était vraiment stupide de ne pas y avoir pensé avant...Il avait l'air complètement idiot maintenant. C'était évident pourtant...N'importe qui serait embarassé de se dénuder ainsi devant un presque inconnu...elle avait vu venir le coup et tenté de détourner son attention...
Lorsqu'il s'imagina à la place de Tsukimi, le frèle jeune homme pris une teinte encore plus écarlate et s'empressa de retourner à la table, ou il était placé de dos et à bonne distance par rapport à l'Inuzuka. Se passant frénétiquement la main dans les cheveux, il bégailla quelques mots d'excuse à son invitée, visiblement encore plus mal à l'aise qu'elle aurait pu l'être.

"Pa...Pa...Pardon....Je...J'avais pas compris...D..Désoler !"

« En fait… L’hokage nous a quitté »

Elle s’attendait à tout sauf cela. Tsukimi aurait pu réagir normalement à bien des situations, mais cette simple phrase la bouleversa complètement. Elle leva un regard éteint vers Shinori, mais il n’était déjà plus là. Il contournait le fauteuil pour examiner sa blessure à l’épaule. Elle n’eut même pas la force de se retourner.

Il était… mort… Il n’avait pas le droit! Elle avait rassemblé toutes ses forces pour lui parler. Elle avait imaginé un million de fois la scène, envisagé un million de possibilités. Peut-être se serait-elle mise en colère, peut-être aurait-elle été triste, ou embarrassée. Il avait toujours été dur et sévère, mais elle avait finit par comprendre qu’il avait veillé sur elle, de loin. Jamais elle n’aurait pu l’appeler « Père », jamais. Il était certes son géniteur, mais toute son enfance avait été un mensonge. On lui avait caché tant de choses, tout simplement parce qu’elle était sa fille et qu’elle n’aurait pas du le savoir. Elle avait été si heureuse, enfant, pourtant! Mais si ce n’avait pas été de lui… Si elle n’avait pas porté le sang des Akuma en elle, sa mère n’aurait pas été assassinée, et on n’aurait pas implanté de force un Bijuu en elle. C’était la faute d’Akuma Yunori, le 8ème Hokage.

Mais il était mort. Elle ne pourrait plus avoir les réponses qu’elle cherchait, elle ne pouvait plus chercher à le comprendre maintenant. Mort de sa malédiction? Ce sceau maudit pouvait-il vraiment le tuer ainsi, si vite? Ne pouvait-il pas attendre qu’elle revienne avant de mourir!

Elle entendit un bruit sourd derrière elle, mais ne réagis pas. Son visage halé était figé, ses yeux brillaient d’incertitude et du choc. La Chunnin le vit du coin de l’œil se diriger vers la table. Prenait-il ses instruments de soins? Sa blessure lui semblait si lointaine et insignifiante maintenant. Plus vite ce serait fait, plus vite ce serait finit. Elle voulu lui dire, mais ses mots restèrent coincés dans sa gorge. Après tout, ses deux parents biologiques étaient morts, maintenant.

Tsukimi finit pas se lever lentement, en chancelant. Elle reprit contact avec la réalité, et prit une grande inspiration. Quelle idiote elle faisait! Elle aurait du s’en douter, rien ne marchait jamais comme il faut quand il était question d’elle. Elle devait se reprendre. Shinori devait se demander pourquoi elle était si choquée par cette nouvelle, alors que personne n’avait jamais apprécié l’Hokage.

- Désolé, murmura-t-elle d’un air penaud.

Mais il ne l’écoutait pas. Il lui tournait le dos, penché sur sa table de travail. Que lui arrivait-il? Elle remarqua ses oreilles et sa nuque écarlate. Était-il soudainement malade? Avait-il attrapé quelque chose? Shinori s’excusa en bredouillant, à doute vitesse. « Je n’avais pas compris ». Que… Avait-il deviné la raison de son trouble, que Akuma était son père? Non, impossible… Et si... Si oui, elle s'en sentirait sans doute soulagé, que quelqu'un partage sa peine sans qu'elle eut besoin de le dire. Mais pourquoi semblait-il si mal dans ce cas? Elle afficha sans le vouloir une mine d’incompréhension totale.

Tsukimi s’approcha d’un pas, et posa une main légère sur son épaule. Inquète, elle oublia un instant Akuma Yunori.

- Shinori, ça va? Tu ne te sens pas bien?


(HRP: Lool ^^)

Lorsque Tsukimi mis la main sur son épaule, on aurait pu croire qu'elle était composée de chardons ardents tant Shinori sursauta. En une fraction de seconde, il s'était écarté de la table en contournant Tsukimi et s'était mis à faire des mouvements légèrement frénétiques de la main qui ne lui dissimulait pas le visage. Ces gestes bizarres étaient supposés se faire rassurants, mais ils donnaient plutôt l'impression que l'adolescent faisait une crise d'épilepsie...

"Oui, ça vas...."

Quelque chose clochait dans la réaction de Tsukimi, elle n'avait pas du tout l'air de comprendre se qui se passait et elle le regardait drôlement. Peut-être s'était-il trompé...Cette pensée diminua sensiblement l'embarras du jeune Nara, mais le mit face au problème de sa réaction exagérée, situation assez gênante.

Réfléchis, réfléchis, réfléchis ! Elle te regarde bizarrement...trouve une excuse.

"C'est que...je ne supporte pas la vue du sang..."

Idiot ! Tu viens de nettoyer sa blessure ! C'est pas très crédible !

"Heu...je veux dire...en fait...je...c'est que..." Bafouilla-t-il en essayant de se rattraper, une main à présent scotchée à son cuir chevelu et l'autre faisant désespérément signe à l'Inuzuka d'attendre une minute, le temps qu'il trouve quelque chose d'intelligible à dire. Ses grand yeux marrons appelaient à l'aide, portant veinement leur regard désespéré de tout les cotés de la pièce, à la recherche d'un secours qui ne viendrait pas.


Décidément, il n'était pas fait pour ce genre de chose. Aussitôt qu'il était en présence de quelqu'un hors du contexte des missions, il se mettait constamment les pieds dans les plats de la sorte...Mais ça ne l'empêchait jamais de continuer à espérer qu'il pourrait un jour passer outre cet handicap social et partager quelque chose de profond avec un éventuel ami...ou amie.

Alors qu'il cherchait toujours une excuse...Shinori comprit d'un coup que c'était totalement inutile. L'erreur était irréparable. Tsukimi n'était pas stupide et elle savait déjà pertinemment qu'il racontait n'importe quoi. Soudain las, Shinori baissa la tête et retrouva une couleur presque normale. Ses déplacements l'ayant rapproché du fauteuil, il se laissa tomber dedans et soupira profondément. Léger comme une plume, il souleva malgré tout un grand nuage de poussière. Il n'osa pas lever les yeux...En réalité, il avait honte, car il venait de se rendre compte qu'il avait instinctivement cherché à mentir...pour un rien...Il était prêt à s'inventer une phobie ou pire encore. Il avait toujours réagit de la sorte face à un grand embarras, mais cette fois, ce n'était plus pareil. À ses yeux, il venait de trahir Tsukimi.

Tsukimi resta un moment les bras ballants, regardant Shinori d’un air surpris. Il secouait ses bras d’un air totalement hystériques, et sa voie était suraigüe, alors qu’il tentait surement de la rassurer. Le tout lui attirant un regard incrédule et incertain de l’Inuzuka. Qu’essayait-il de faire.

- Tu es sûr? Demanda-t-elle, inclinant la tête sur le côté d’une manière qui n’était pas sans rappeler Tsukiyo.

"C'est que...je ne supporte pas la vue du sang..."

Ce qui rendit Tsukimi encore plus incrédule. Elle appuya ses poings sur ses hanches, ne comprenant pas plus où il voulait en venir. C’était quoi cette excuse? Il venait de farfouiller pendant 5 minutes dans une plaie sanguinolente à son mollet, et il avait soudainement peur du sang? Elle état peut-être un peu naïve et pas la plus instruire mais… pas totalement idiote. Shinori bredouilla encore quelques mots, apparemment complètement perdu. Il regarda tout autour de lui d’un air totalement paniqué. Qu’essayait-il de faire?

Elle l’observa sans sourciller chanceler jusqu’au fauteuil où il s’affala sans énergie. Son visage reprit lentement sa couleur normale, alors qu’il observait le sol, soudainement sans animation et amorphe. La Chunnin poussa un petit grognement incertain, posant la paume de sa main derrière sa tête. Son épaule lui fit mal. Elle n’y comprenait plus rien. Tsukiyo posa le museau sur l’accoudoir, fixant avec interrogation Shinori.

Soudainement, le flash se fit. Ce ne pouvait être que ça. Il avait deviné qu’elle avait tenté de détourner la conversation. Soudainement dans le même état que son ami, elle s’assit distraitement sur un coin de la table, son cerveau fonctionnant à toute allure. Il avait deviné et donc… il avait cru qu’elle n’avait pas confiance! Ce devait être ça. Et le pauvre enfant, il avait tenté de détourner à son tour le sujet, croyant qu’elle ne croyait pas assez en lui pour le laisser la soigner. Il devait aussi songer que, par ce manque de confiance, elle n’osait pas se dénuder un peu pour se faire soigner.

Il croyait qu’elle n’avait pas confiance en lui! Cette pensée l’abattit soudainement, et elle se tordit les mains, vieille habitude venant de son angoisse qu’elle tentait de refouler. Ce n’était tellement pas cela! C’était la première fois (la deuxième, corrigea-t-elle avec un pincement au cœur) qu’elle faisait autant confiance à quelqu’un. Elle avait vite compris que Shinori était différent des autres. Qu’il ne la tromperait pas, ne l’offenserait pas, ne l’abandonnerait pas comme d’autre l’ont fait. Ce n’était pas par peur qu’elle ne voulait pas qu’il s’occupe de sa blessure. C’était par honte. Par honte qu’il aperçoit son dos ravagé et meurtrit, qui signifiait trop pour la jinchuriki.

- Shinori…

Une autre boule se forma dans sa gorge. Que dire? Comment lui expliquer sans passer pour une idiote, sans être trop franche? Elle détestait révéler ce qu’elle pensait, car elle ne finissait généralement pas être trahie. Mais lui… Il n’était pas comme les autres non. Tsukimi croyait voir dans son soudain comportement la déception, et elle chercha désespérément ôter cette expression sur son visage.

- Shinori je… Ce n’est pas ça! Tenta-t-elle d’expliquer maladroitement. Ne… ne croit pas que je n’ai pas confiance en toi, je t’en pris. Ce n’est pas ça, juré! Je…

Elle se racla la gorge, mal à l’aise. Fixant ses orteils avec urgence, elle se résigna à s’expliquer un peu.

- Ne dit pas n’importe quoi, tenta-t-elle de présenter un peu. Tu n’as pas peur du sang, j’en suis sûr. C’est juste que… J’ai honte…

Le dernier mot lui en avait coûté beaucoup. Le silence de Shinori l’alarmait et l’effrayait, et elle se mordit les lèvres pour se donner le courage.

- J’ai… quelques… marques au dos et… Enfin… Mais j’ai confiance! Tu… tu vas t’occuper de ce shuriken…?

Sa voix s’était réduite à un murmure incertain. Il devait surement lui en vouloir énormément. Elle voulait qu’il la croie, qu’il ne lui en veuille pas. Devait-elle s’en aller? Après tout elle était venue comme ça sans prévenir…

Lorsque Tsukimi eut terminé, Shinori releva lentement la tête. Ses mains étaient jointes en une petite boule, appuyées contre ses genoux. Ses yeux grands ouverts étaient humides de larmes naissantes et sa lèvre inférieure tremblait imperceptiblement. Jamais il n'avait autant eu l'air d'un enfant qu'en cet instant précis ou un tourbillon d'émotion était sur le point de le faire craquer. La réaction surprenante de Tsukimi, qui ne le rejetait pas, au contraire, avait achevée de l'emplir de culpabilité.

Il ne la méritait pas...jamais il n'aurait osé espérer rencontrer quelqu’un comme elle. Il réalisa soudain à quel point sa présence lui avait cruellement manquée pendant la dernière année, comme il avait cherché chez les autres cette compréhension, cette absence totale de malveillance. Il venait en l'espace de quelques secondes de passer pour un original désaxé doublé d'un menteur et elle trouvait encore la force d'endosser la culpabilité. Il ne méritait pas cette chance.

Cependant, les quelques paroles hésitantes de l'Inuzuka délestèrent aussi l'adolescent d'un grand poids, celui de la peur, de l'incertitude. Elle ne l'abandonnait pas, il ne serait plus seul, avec pour unique entourage une mère de plus en plus déprimé et des coéquipiers qui le voyaient toujours comme un moins que rien malgré ses exploits. Cette solitude était un véritable cercle vicieux qui l'entrainait toujours plus profondément dans l'isolement...Tsukimi avait été la seule à lui tendre la main malgré tout. Mais surtout, elle lui faisait un don encore plus merveilleux, le plus beau cadeau du monde...

J’ai… quelques… marques au dos et… Enfin… Mais j’ai confiance! Tu… tu vas t’occuper de ce shuriken…?

Elle a confiance...

Elle me fait confiance…à moi

Le deviner était une chose, mais l’entendre de sa bouche avait quelque chose de fabuleux. Jamais on ne lui avait dit de tels mots…même son père ne lui avait jamais dit en face. Les quelques paroles de l’ancienne Chuunin firent à Shinori l’effet d’un baume sur le cœur, guérissant une plaie ouverte depuis bien trop longtemps. C'est donc avec les yeux humides, mais empreint d'un soulagement profond, que Shinori plonga son regard trouble dans celui de Tsukimi, metant dans ce contact tout ce qu'il avait de reconnaissance pour elle.

"Tu...tu me fais vraiment...confiance ?" Demanda-t-il d'une voix fluette, essayant de ravaler ses larmes.

Il avait encore de la difficulté à imaginer cette notion, c'était trop gros trop vite. Assis sur le grand fauteuil...perdu dans ses amples vêtements et le visage pâle...il avait l'air plus vulnérable que jamais. Si en cet instant Tsukimi lui répondait que non, qu'elle n'avait pas voulu dire ça, il en serait démolis et en conserverait certainement des séquelles jusqu'à la fin de son existance. Rien n'est plus fragile qu'un espoir naissant...plus sensible que la peau neuve qui recouvre une plaie fraichement refermée.

La situation avait dégénéré d'un rien à un drame...mais finalement, peut-être était-ce un mal pour un bien. Cette conversation les avait rapprochés plus qu'auraient pu le faire une dixaine d'entrainement ensemble...pour Shinori, ils étaient à présent à un mot près de la véritable amitier.

Tsukimi soupira profondément, et ce n'est qu'à ce moment qu'elle réalisa comment elle était tendue. Ses muscles raidis à bloc se relâchèrent, et, pour elle, se fut le poids de l'incertitude et de l'angoisse qui se délesta de ses épaules nerveuses. Les yeux larmoyants de Shinori la fixait en brillant, incarnation de l'innocence et du soulagement. Un tel regard, si ému et heureux, la rendait presque mal à l'aise tant il était intense. Elle se racla la gorge.

- Hum... oui.

Détournant le regard, elle sembla soudain trouver un grand intérêt à la pièce. Ce n'était pas qu'elle avait honte ou qu'elle mentait qu'elle abordait une telle attitude, mais elle n'avait pas l'habitude de démontrer ainsi ce qu'elle pensait ou ressentait. C'était la gêne qui la rendait ainsi délicatement bourrue.

- Bon! s'exclama-t-elle d'un ton qui se voulait énergique, tu t'en occupes de cette blessure, isha-chan?

Ce surnom lui était venu comme ça, et elle espérait qu'il ne s'en offenserait pas. Cela signifiait médecin, et le suffixe le désignait affectueusement comme un ami (et voulait aussi dire enfant). Elle se racla la gorge de nouveaux, et croisa les mains derrière son dos. Elle ne pouvait pas ignorer le malaise qui l'habitait à l'idée qu'elle dut dévoiler son dos. Mais si c'était le prix pour que Shinori lui fasse vraiment confiance... Elle l'acceptait.

(Dsl, court et sans trop d'inspiration :S, pardonne-moi!)

Oui...Elle a dit... Oui !

Brusquement souriant malgré les larmes qui brouillaient encore ses iris, Shinori se releva en bondissant du vieux fauteuil. Il avait la même expression émerveillée qu'un enfant qui viendrait de découvrir une montagne de friandises. C'était la joie à l'état pure. D'une démarche bondissante, il s'écarta du siège, ses yeux étaient grand ouvert et pétillant de bonheur. Un peu plus proche de l'euphorie et il aurait eu les pupilles dilatées. D'un geste théâtral, le frêle adolescent fit signe d'une main à Tsukimi de prendre place sur le poussiéreux meuble, souriant de toutes ses dents à l'idée de se rendre utile à nouveau en retirant le shuriken. Il n'avait même pas remarqué le surnom que lui avait attribué Tsukimi.

"Super ! Assieds-toi !" ajouta-t-il d'un ton enthousiaste lui donnant l’air un peu trop heureux d’aller jouer dans une plaie sanguinolente pour que cela paraisse normal.

Avoir été seul, le jeune Nara aurait certainement hurlé de joie. Le changement radical d'attitude qu'il venait de subir et la puissance de l'émotion qu'il vivait pourrait sembler abusive, mais dans le cas de Shinori, c'était parfaitement compréhensible. Ses émotions déjà à fleur de peau et la réalisation d'un de ses rêves, avoir un ami qui ait confiance en lui, étaient suffisantes pour expliquer son état actuel. Néanmoins, il devait paraître extrêmement étrange pour Tsukimi de voir la vitesse avec laquelle son attitude variait.

S'essuyant subitement les yeux du revers de la manche, Shinori partit en trombe vers la table, où il saisit ses instruments de chirurgie et ses produits pharmaceutiques. Il en échappa la moitié en chemin et du les ramasser précipitamment. Il ne fallait pas être un génie pour déterminer qu'il était bien trop excité pour effectuer un travail médical correctement. Si elle ne réagissait avec tact pour le calmer un peu, Tsukimi n'apprécierait pas l'expérience...

"Tu sais, Shinori... C'est pas que je m'y connais en médecine, mais tu ne serais pas plus efficace si tu serais plus.... maitrisé?" Demanda son invitée d'un ton badin.

"Ah...Heu...Oui, pardon."

L'excitation infantile de l'adolescent fut douchée d'un seul coup par la remarque amusée de Tsukimi. Le professionnalisme était une valeur très importante chez Shinori lorsque ses actions avaient des conséquences sur les autres. En fait, son empressement et sa curiosité naturelle n'étaient pas de taille pour affronter son désir ardent d'être apprécié.
Tout de même légèrement embarrassé par son excès d'enthousiasme, Shinori se passa la main dans les cheveux, un sourire gêné au coin des lèvres, puis inspirant un grand coup pour retrouver le plein contrôle sur ses émotions. Il tendit la main devant lui pour vérifier qu'il ne tremblait plus tel un gamin en surdose de sucre, puis essaya de se composer une expression susceptible d'avoir sa place dans un contexte médical...ce qui résultat en un simili-sourire comparable à celui d'une personne qui tente de toutes ses forces de se retenir de rire, en moins ridicule cependant. Néanmoins, il était prêt à poursuivre.

Justement, c'était aussi le cas de Tsukimi. Elle semblait pressée d'en finir avec ce shuriken et c'est sans un mot qu'elle se retourna pour se placer correctement. Lorsqu'elle entreprit de retirer son chandail, Shinori fut brièvement habité par une étrange sensation de malaise...ou de bien être si il y repensait, qui le fit légèrement rosir...bref, ce fut assez bizzard pour le jeune garçon, mais extrêmement court puisque stoppé net par la vue des stigmates de l'Inuzuka. Il fallu moins d'une seconde à Shinori pour conclure que ces cicatrices tordues n'étaient ni naturelles, ni récentes. Elles semblaient presque former un symbole quelconque...griffonné un peu à la manière d'un enfant qui tient un crayon de cire serré dans son poing. Les blessures semblaient avoir été très profonde et auraient, en théorie, pu la tuer vu leur emplacement...au niveau des organes vitaux. Le tout était entouré de tatouages...vaine tentative de dissimulation qui accentuait l'impression d'un dos écorché et de chairs à vif.

"Bon, fais ça vite, Ok?" murmura-t-elle rapidement, sa voix trahissant une certaine...honte.

Se souvenant soudainement qu'il n'était pas la pour fixer le dos de son amie mais bien pour retirer un shuriken, Shinori arracha son regard à la vue douloureuse des meurtrissures et se concentra sur l'objet en question. Le projectile était enfoncé de plus 3 centimètres dans le muscle de l'épaule, il devait certainement racler l'omoplate...La souffrance avait du être abominable, une plaie béante de cette taille, comme déchirée, horrible... Le corps de l'adolescent fut parcouru d'un frisson à cette pensée. Il comprenait maintenant pourquoi elle ne se préoccupait pas des marques qu’auraient pu laisser le kunai...

** Concentre-toi Shinori...Oublis ces cicatrices ! Ne regarde que l'épaule.**

Suivant son propre conseil, le jeune chirurgien se focalisa sur son travail. Il appliqua doucement un liquide analgésique pour engourdir la région du traumatisme, puis saisit une paire de pince et des écarteurs. En quelques secondes, il retira l'objet de la chair. Tsukimi ne devait pas avoir sentie plus qu'une légère douleur dans le pire des cas. Ensuite, Shinori répéta les étapes du nettoyage : rinçage, désinfection et rinçage. Puis, en vitesse, il appliqua un cicatrisant et recousu la plaie. Il fit 8 points...trois de plus que nécessaire. Il désirait qu'au moins, l'épaule de Tsukimi demeura lisse...c'était sa façon de soulager sa conscience face à cette boucherie qu'était le dos de l'Inuzuka...

"C'est bon, j'ai terminé. Ton épaule devrait pouvoir bouger normalement d'ici trois heures...d'ici là, évites de trop te servir de ton bras, l'analgésique peut se répandre." annonça-t-il d'une voix éteinte, presque mécanique.

Shinori s'était reculé de quelque pas et faisait mine de ranger son matériel pour éviter de fixer plus que nécessaire la peau stigmatisée de son amie...pour éviter d'imaginer cette douleur...de la ressentir à travers elle. Sa joie insouciante avait fondue comme neige au Soleil...

Elle s'est endormie...

L'adolescent aurait bien aimé lui céder son lit, mais elle était tombée comme une brique dans l'océan du rêve. Elle semblait si exténuée. Il aurait bien pu la réveiller et la guider jusqu'à sa chambre, mais elle semblait si bien comme ça...il n'aurait pas voulu la déranger. Son visage était paisible.

Le jeune Nara passa un moment appuyé contre la table à la regarder dormir, silencieux, repassant dans son esprit ce qu'il n'avait pas encore assimilé complètement. Il se remémora les espoirs qu'il avait jadis envers Tsukimi et songea, un sourire au coin des lèvres, que cette amitié avait désormais dépassé le simple rêve. Il pensa aussi, malgré lui, aux cicatrices de Tsukimi et à ce qu'elles pouvaient impliquer comme épreuves traversées...

*Maintenant, c'est fini...C'est à toi de lui éviter ça, peu importe ce que c'était, elle ne doit plus jamais souffrir une telle douleur.* conclut-il intérieurement, résolu.

Shinori jeta un coup d'oeil par la petite lucarne au dessus de sa porte. Le matin commençait à pointer, les épais nuages, imposants, se perçaient maintenant de rais de lumière, prenant une couleur de plus un plus pâle. De l'eau se mettait à goutter le long des fenêtres dans une petite pluie persistante. Au loin, un arc-en-ciel se dressait au-dessus du mont Hokage, splendide. Une journée tranquille.

Jetant à nouveau un regard à son invitée, callée profondément dans le dossier de son vieux fauteuil, Shinori réalisa qu'elle devrait pour un temps avoir un chez-soi, un endroit où dormir, où vivre. Qui donc à Konoha pouvait se permettre de l'accueillir? Shinori connaissait la réponse...

Personne...Personne ne voudrait accueillir une déserteuse...

Il avait fait sa petite enquête après la disparition de Tsukimi, essayant désespérément de la retrouver. Il avait découvert sa disparition en parlant aux hautes instences de sont clan. Ils avaient été grandement offensés de sa départ et l'aurait certainement dénoncés si elle serait revenue chez eux. Sa famille était de son coté poussée par le clan à dénoncer cette désertion et aurait certainement été bien mal de la voir arriver chez eux sans prévenir, et saignant abondament qui plus est. Si elle était venue chez lui, blessée, ce n'était pas pour rien...Il était le seul à pouvoir l'aider.

Soudain percuté par cette prise de conscience, Shinori monta à l'étage en empruntant l'escalier. Il s'arrêta devant une porte qu'il n'avait pas vue ouverte depuis presque deux ans, depuis le départ de sa mère : celle de la chambre de ses parents. Après un grand soupir, plus présent pour combattre sa mélancolie que pour affirmer sa lassitude, il entra dans la pièce oubliée, il avait du ménage à faire...

Les ténèbres mouvaient et pulsaient, comme animés par un cœur grouillant. Pourtant, il n'y avait pas de couleur ou de lumière. Tout était noir autour d'elle. Elle se tenait debout dans le vide, sans aucunes sensations autres que le froid sur sa peau. Elle tentait de voir, mais ne distinguait que son propre cœur, exempt de vêtements. Sa peau halée semblait luire dans ces ténèbres, mais les tatouages de son clan étaient éteints, sans vie. Elle était.... seule.

Ce n'était ni la terreur, ni même l'angoisse qui l'étreignait, c'était la solitude. Elle prenait toute la place en son âme, comme s'il n'y avait toujours eut qu'elle. Elle se recroquevilla dans le noir, flottant dans ces univers qui n'en était pas un. La tête contre ses genoux, elle ferma les yeux de toutes ses forces; elle ne voulait pas voir la suite. Elle connaissait la suite...

Un sourd grognement se fit entendre, et, malgré elle, Tsukimi ouvrit les yeux. Elle savait qu’il était là, elle le sentait. Un ombre blanche remuant, se dépliant lentement pour s’extirper de l’obscurité. Ses multiples queues bougeant lascivement, sa lourde tête au long museau s’avançant vers elle. Elle sentit son souffle chaud, fort et putride, qui remuait ses cheveux. La jeune femme n’avait pas à tourner la tête; elle savait qu’il était là, ses yeux rougeoyant posé sur elle. Elle sentait toute sa satisfaction et sa possessivité. Elle était à lui, et il le savait.

- On'nanoko… gronda la voix qui évoquait à la fois le grondement du tonnerre, la mer rugissante et le cri de milles damnés.

- Laisse-moi tranquille! Gémit la Chunnin, entre la rage et la peur. Pas cette nuit, je t’en pris…


- Tu dois comprendre. Tu dois savoir…. Et tu le veux.


Elle n’eut pas le temps de hurler « Non! » que déjà il l’entraînait dans son univers. Elle ne savait pas si c’était faux, si c’était réel. Peut-être qui ne faisait que lui mentir, que ce n’était qu’une fourberie pour qu’elle abandonne complètement. Comme ça, elle ne serait qu’à lui et que pour lui. Comme ça, elle ne penserait plus à l’humain….

Houkou l’entraîna dans son royaume. C’était un tourbillon de formes incongrues, de couleurs sans lumière et d’une musique sans bruit. « Le Royaume des Morts… ». Il n’était pas si loin. Elle espérait de tout son cœur que tout ceci ne soit qu’illusion. Elle sentait des présences autour d’elle; des gémissements et des plaintes fusaient de partout. Tsukimi ferma les yeux de toutes ses forces. Mais elle ne pouvait s’empêcher d’entendre le clapotis de l’eau malsaine, l’odeur de putréfaction, les pleurs des damnés.

Puis ce fut fini. Cela n’avait duré qu’une secondes, et ça lui avait semblé une éternité. Le vide redevint vraiment vide. C’était presque soulageant. Pas de bruit, pas d’odeur, pas d’espaces….

Un nouvel univers se forma. Elle vit des îles, la mer. Tout n’était que sable, eau et ciel. C’était beau. Une falaise devint le centre de sa vision. Elle flottait dans… rien. C’était si apaisant! Si seulement ça pouvait rester ainsi…

Une silhouette se tenait debout sur l’éperon rocheux. Debout fièrement, défiant l’horizon de sa haute silhouette, elle débordait d’arrogance et de détermination. Une chevelure brune, plus longue que dans le souvenir de la Chunnin, était secouée par le vent du large. Il portait un kimono… Oui, un kimono noir bordé de pourpre, qui le rendait sombre et majestueux. Comme toujours, il était superbe et suffisant. Tsukimi ferma les yeux de toutes ses forces, mais elle voyait toujours.

L’homme tourna la tête. Un… bandeau. Noir. Puis elle croisa le seul œil visible. La prunelle était écarlate, presque luisante. Le pupille formait un dessin complexe, que seuls les plus puissants Uchiwa pouvaient se vanter de posséder. Mais…. Le regard était dur, cruel et arrogant. Jamais il n’avait été aussi acéré et méprisant. Le pli amer que formaient ses lèvres serrées, l’éclat dangereux de ces iris rougeoyants… Le destin qu’il voyait n’était plus le même : c’était un futur sombre et sanglant dont il sera le roi. Ce n’était pas lui.

Puis elle apparut. Encore elle. Cette femme sublime, au sourire suffisant. Elle semblait irréelle, trop parfaite, trop présente. Une main délicate se posa sur la soie noire du kimono. Sa bouche invitante formait un sourire de vainqueur. Elle était l’incarnation du nouveau pouvoir, du mal qui possédait le ninja en kimono. La femme fit courir sa main le long du bras de l’homme, puis leva les yeux. Elle croisa directement le regard de Tsukimi, perdue dans le ciel qui n’en n’était pas un. L’Inuzuka laissa échapper un hoquet de fureur et de désespoir.

Mais étrangement, le rêve ne continua pas comme il en avait l’habitude. Tout se passa très vite. Les deux silhouettes perchés sur la falaise éclatèrent en une multitude de tentacules noirâtres, qui prirent possession du paysage et l’engloutirent. Tout fut de nouveau ténèbres. Elle sentit Houkou gronder de frustration, et il lâcha prise. Tsukimi ouvrit soudainement les yeux. Et ce qu’elle vit raviva des souvenirs violents; elle ne fut plus elle-même.

Deux silhouettes penchées sur elle. L'un avait le visage camouflé par un masque blanc, et les deux portaient les tenues d'usage des ninjas de Konoha. Mais pour la jeune femme, c'était autre chose qu'elle voyait. Elle voyait une forêt humide dans la nuit, des silhouettes hostiles qui surgissaient devant elle et l'odeur des Uchiwa dans ses narines.

Tout se passa très vite. À l'instant où Shinori, alerté par le bruit des ninjas qui avaient pénétrés dans sa maison, apparaissait du haut des escaliers, Tsukimi attaqua. À une vitesse difficilement imaginable, sa main se tendit et elle agrippa le cou du ninja le plus près d'elle. Trop surpris, il se fit projeter sur le sol avec force. En même temps, les yeux dilatés et le visage méconnaissable, Tsukimi bondit sur l'autre. Il para le premier coup, mais impossible de faire face à cette Tsukimi enragée et effrayée. Instinctivement, ses ongles devinrent griffes; son adversaire gagna en 2 secondes plusieurs estafilades. La ninja haletait, et son corps était tendu comme un animal traqué et paniqué. Elle fouilla du regard le reste de la pièce alors que son adversaire reculait sous ses assauts; deux autres ennemis réagissait enfin, l'un se précipitant vers elle et l'autre formant des signes à toutes vitesses de ses deux mains. Elle remarqua Tsukiyo, un shuriken soporifique planté dans l'échine. Sa peur devint rage, et elle redressa d'un seul coup. Ce mouvement lui permit de remarquer une silhouette à sa gauche. Shinori, éberlué, la fixant. Ce fut comme un choc électrique; Shinori n'avait rien à faire dans ce souvenir.... Ou.... était-elle?

-Shi.... Shinori? murmura-t-elle, prise au dépourvue et revenant enfin à elle-même.

Ce fut la dernière chose qu'elle vit. Derrière elle, un ninja clama " Bubun Baika no jutsu ", et un énorme point s'abattit sur sa tête. Elle chuta comme une masse sur le sol, pour se relever aussitôt, furibonde. Mais l'étourdissement la fis chutée à genoux sur le sol. Sonnée, sa vision s'obscurcit, la nausée lui pris. Elle tourna de l'œil et ne bougea plus.

Tout cela avait pris moins de 10 secondes.

Il en eu encore 5 ou 6, puis les ninjas de Konoha s'animèrent: on entendit soupirs, gémissement de douleur et exclamation.

- Ouah, c'était juste!
- Merde, tu as vu ça? C'est quoi cette fille, une vraie furie!
- J'm'attendais pas à ça! C'est vrai qu'elle était rapide quand on l'a coincé cette nuit, mais à ce point...

L'un d'entre eux s'agenouilla près de la ninja évanouie, et poussa un cri de surprise.

- Regardez, c'est une Inuzuka! Elle.... Eh, ce n'est pas celle qui est partie il y a un an? Celle sur qui courait la rumeur qu'elle s'était acoquinée avec un déserteur? On fait quoi, Minuke?

Il eut un autre moment de silence, et tous se tournèrent vers l'un des ninja. Un grand homme, blond au regard acéré, celui qui avait été saisit à la gorge au début. Celui-ci eut un moment de réflexion, puis se massa la gorge. Celui qui avait été griffé se tenait le bras pour l'empêcher de couler.

- Apportez-là à l'Hokage. Il saura quoi faire, c'est un cas spécial.

Tous hochèrent la tête. Enfin, Minuke leva la tête et croisa le regard de Shinori. Il avait des prunelles noires et intelligentes; ce n'était pas qu'il ne l'avait pas remarqué, mais plutôt qu'il était un cas moins urgent. Les compagnons de son équipe qui étaient encore valide s'affairèrent pour trouver un moyen de transporter la femme (et surtout le loup), jusqu'au Kage.

- Ça va, petit? Tu n'es pas ici contre ton gré, je me trompe?