Retour phénoménal [Pv Tsukimi]

[Mont Hokage ==> Éveil d'une ombre]

Au milieu de la nuit, un mouvement fluide et silencieux se faisait dans Konoha. Une ombre se déplaçait de toit en toit, ses pas ne faisant même pas assez de bruit pour résonner dans cette soirée silencieuse. La chose semblait se diriger vers la tour de l'Hokage, et, ne prenant même pas la peine de prendre l'escalier elle s'approcha de la fenêtre du fameux bureau. Jusqu'à maintenant, la salle était vide. La seule lumière, ou plutôt les seules lueurs qui éclairaient l'endroit étaient les rayons argentins de la lune, qui filtraient autant que possible à travers la vitre des fenêtres. La lumière s'écrasait sur le verre pour mieux se répandre dans la salle, la plongeant dans une obscurité douteuse et propice au mystère. Le bureau de l'Hokage n'avait rien d'extraordinaire : un bureau, trois chaises dont une disposées derrière le bureau, un tapis de velours posé sur du parquais, une étagère et deux fenêtres. Cependant il y avait beaucoup de place, assez pour tenir une audience en tout cas. Sur la table de bois, une plume baignait dans un encrier, agrémentée d'une pile de feuilles. Plus par précaution que par crainte réelle du vent, une petite pierre ronde, lisse, était posée sur la pile, ou plutôt deux pierres rondes étaient posées sur les piles. L'Hokage se serait donc absenté en plein travail?! Il n'y a t-il pas une chaise de libre en face de ce bureau? Une chaise de bois ornée d'un velours des plus attrayants.

"Ah! Ouf!"

Vous vous demandez surement d'où vient cette voix? Et également d'où vient ce léger battement de volets? L'ombre s'était déplacée de la tour à la fenêtre, de la fenêtre à l'intérieur et de l'intérieur à son bureau. Cette ombre était devenu un être fin et raffiné, armé d'une crinière rouge, plein d'une subtile sensualité. Son arrivé fut salué par un coup de vent, un volet était entrouvert, ou plutôt, mal fermé. Le nouveau venu était installé sur le bureau en position de travail. Sa main gauche dans ses cheveux, l'autre prenant un papier sur la pile de droite, et commençant à le lire. Un profane aurait très bien put croire que cet homme travaillait depuis de bonnes heures, mais la personne qui entra en claquant la porte, la personne qui entra avec précipitation et qui affichait un visage rouge de colère n'était pas un profane. C'était un doyen, et un des plus redoutable!

"Hokage Sama!"

L'homme, ou plutôt le vieil homme avait tout simplement claquer la porte. Son empressement l'avait légèrement essoufflé, il prit donc une petite pause. Aoshi leva alors la tête, négligemment comme quelqu'un qu'on sortait de son travail. Son regard d'homme gêné, d'homme travailleur qui se sent persécuté croisa celui du doyen qui venait d'entrer, et la face du Kage prit une teinte de terreur. L'homme disparut pour arriver aux cotés de Yu.

"TU TE FOUS DE MOI AOSHI SAMA! CE TAS DE FEUILLES EST EXACTEMENT LE MÊME!"

Le doyen frappa brutalement sur la table, transformant les deux piles en un bazar de feuilles blanches. Mais qui est donc cet homme qui se permet de parler ainsi à L'Hokage? Tout simplement le Doyen. Chaque Hokage choisit un ninja pour l'accompagner durant son règne, et veiller à la formation du nouvel Hokage. Celui que tous appelle Outo'san fut le partenaire de l'Hokage maudit, et s'assure aujourd'hui des débuts d'Aoshi. Apparemment il n'appréciait pas trop que ce dernier néglige la paperasse pour gambader dans l'herbe, d'ailleurs Aoshi essaya vainement de balbutier quelques excuses, mais il eu juste le temps d'éviter un Super-coup-de-poing-de-la-mort-qui-tue qui ne manqua pas de briser le bureau. Cela faisait combien de fois qu'on montait une nouvelle table dans cette pièce? Cela devait bien être la 9e?? Aoshi se leva, et fixa le Doyen droit dans les yeux.

"Et oh calme toi! Tu vas encore tout casser!
-ME CALMER MOI?? Monsieur, si vous étiez sagement rester ici... je n'aurais pas casser la table! MONSIEUR!
-SI j'étais resté ici? Et SI MONSIEUR APPRENAIT A S'EXPRIMER HEIN???

Alors qu'une dispute enfantine naissait dans les hautes strates du monde adulte, elle fut cependant éteinte par un raclement de gorge. Un ambu se tenait devant l'entrée, ou plutôt devant l'ouverture vu que l'autre vieux n'avait pas refermé la porte... Son air grave, sa stature militaire, apparemment quelque chose était arrivé dans ce petit village. Les deux grands gamins mirent sur l'instant fin à leur dispute et saluèrent le nouvel arrivant. Aoshi sentait une légère tension dans l'air, l'Ambu s'écarta de l'entrée et sortit son sabre. Sortir une arme... ici? Bien que le doyen eu le semblant d'un mouvement de protestation, l'Hokage le stoppa net, il était tout bonnement impossible qu'un Ambu le trahisse alors autant ne pas animer les polémiques. Trois ninjas du même grade que le précédant entrèrent à leur tour. Ils entouraient une femme à l'allure sauvage, tenant chacun une chaine. Qui était cette personne pour être ainsi enchainée? Elle avait les mains entravées, un collier de métal, et des liens de fer pour ses pieds. Heureusement, il n'y avait apparemment aucune trace de coups sur elle car Aoshi ne tolérait pas qu'on châtie inutilement le corps. Le ninja aux cheveux rouge s'approcha de cette femme et posa ses mains sur ses entraves. Une aura bleue entoura deux de ses doigts, et il coupa simplement les chaines de l'inconnue. Les Ambus étaient certes surpris, mais aucun d'eux n'osa s'interposer, après tout... il était Hokage. Aussi improbable, aussi surprenant que cela puisse paraître, Aoshi l'orphelin était Hokage, et comptait le rester encore longtemps!

Une fois que la dame fut libérée, Yu posa un doigt sur son menton, et affronta son regard. Ses yeux d'émeraudes fixèrent l'inconnu, cherchant à sonder son âme. Elle semblait trop abattue pour se tenir debout... alors penser qu'elle attaquerait l'Hokage était improbable. Cela n'empêcha tout de même pas les ambus de toucher leurs lames, mais n'est-ce pas leur métier? L'ombre du Feu avait comme emblème la Douceur, et il n'y avait aucunes raisons pour que cela change. Il se releva, et montrant son dos, donc ses longs cheveux rouges, à son "invitée" il alla vers le doyen, mais s'arrêta à mi-chemin. Cette mise en scène était plutôt étrange, mais il avait vu quelque chose dans ces yeux... qui l'intriguait. Sa voix était douce, mais injonctive, montrant clairement qu'il désirait une réponse, claire, limpide, et immédiate.

"Qui es-tu?"

« Ah, tu n’aurais pas du t’énerver… » gronda la voix en elle, réprobatrice mais aussi avec un léger sentiment de culpabilité.

Tsukimi, bien enroulée entre les anneaux de l’inconscience, grogna confusément. Elle était de retour dans ce noir épais qu’elle connaissait maintenant intimement, avec la seule présence lumineuse de l’immense chien à cinq queues. Elle tenta de remettre ses idées en place : que c’était-il dont passé pour que ce maudit songe s’interrompt et qu’elle se retrouve de nouveau ici? Elle sentait vaguement son corps se faire trimballer, mais elle comprit qu’elle n’allait pas se réveiller tout de suite. Depuis sa retraite, elle avait acquise une maîtrise surprenante de son corps et de son esprit : l’inconscience ne lui paraissait qu’à peine plus floue que le réel.

Houkou lui donna un coup de main pour ramener à elle se souvenirs. Elle le sentit pousser vers elle quelques souvenirs, et la jeune femme les rattrapa au « vol ». Le rêve… Le rêve se terminait abruptement, interrompu. Elle s’était réveillée. Et la sensation de danger! Tsukimi comprit qu’elle s’était énervée. Encore engluée dans le sommeil, avec l’impression qu’on l’attaquait, elle s’était défendue contre cet ennemi inconnu. Faites que ce ne soit pas Shinori! Elle aurait du lui expliquer que c’était dangereux de la réveiller, qu’elle était très prudente maintenant… Mais elle s’était endormie d’un coup la veille. Et donc… Elle avait frappé fort et vite; le sens qu’elle vit l’inquiéta : avait-elle blessé gravement quelqu’un? Puis tout cela s’était vite terminé. Un coup atrocement puissant sur la tête l’avait mise KO en moins de 5 secondes. Elle tâta son crâne et grimaça; même assise ainsi dans l’univers de son inconscience, elle pouvait sentir l’affreuse bosse; ça n’allait pas être agréable au réveil.

Parlant de réveil… Avant qu’elle ait pu interroger Gobi, Tsukimi se sentit aspirée vers le monde réel. Plus le temps de réfléchir, elle allait maintenant comprendre ce qui lui arrivait.

La première chose qu’elle su, c’était qu’elle entendait le bruit de chaîne. La sensation du métal froid sur son cou et ses poignets confirma son impression : elle était enchaînée. Elle sentit l’odeur du bois ouvré, de la poussière, de plusieurs hommes, de la peur et la méfiance. L’Inuzuka réalisa qu’elle était à Konoha, encore. Et on la traînait, enchaînée.

Forcée d’affronter la douleur pour se réveiller, elle ouvrit les yeux. Aussitôt, une douleur atroce lui parcourut la nuque. Celui qui avait fait cela n’avait pas manqué son coup. Sa vision était embrouillée mais après un moment, elle put bien distinguer se qui l’entourait. Elle se forçait à se détacher de ce qui l’entourait; ainsi, elle ne ressentait ni la peur, ni la colère, ni l’inquiétude. C’était mieux ainsi.

Les yeux mi-clos, faignants qu’elle était toujours inconsciente, elle reconnu ceux qui l’escortaient. C’était ceux qu’elle avait attaqués. Des ninjas de Konoha! Donc, le couloir aux murs aux murs garnis de boiseries qu’ils parcouraient… C’était celui de l’Hokage!

Elle ne put s’empêcher de tressaillir et son escorte, sentant qu’elle était réveillé, la tinrent plus fort pour éviter qu’elle ne s’échappe. La grande porte qui menait au bureau du Kage s’approchait et elle sentit sa bouche s’assécher. Elle n’était pas prête, pas tout de suite! Elle avait besoin de réfléchir, se répéter ce qu’elle devait dire, pour que tout soit parfait et… La porte s’ouvrit, et Tsukimi rencontra le nouvel Hokage.

Le corps du ninja devant elle lui bouchait la vue. La jeune femme baissa la tête et prit une grande inspiration pour se redonner du courage. Elle sentait son cœur battre à tout rompre. Oublié l’impassibilité qu’elle tentait d’affecter. Elle avait peur, elle était inquiète, curieuse, stressée… Elle se sentait comme un animal, emprisonnée entre ses chaînes et un collier au cou. Elle brûlait d’envie de briser ses entraves (choses aisément possible) et de fuir (chose moins aisément possible).

Puis deux longes mains, fines et élégantes, se posèrent sur ses chaînes et les brisèrent à coup de chakra. Surprise, elle releva la tête, et ce qu’elle vit lui serra le cœur.

Il ressemblait tellement à Nekko! C’était alors lui le nouvel Hokage… cette vérité lui parut plus cruelle alors qu’il lui ressemblait tellement. La sensualité, la finesse et le raffinement qui se dégageait de lui était tout semblable à cet homme qu’elle avait aimé. Il la fixait avec intensité, d’un regard émeraude plus vert encore que le sien. Que pouvait-il lire ainsi dans son regard, semblable à une mer agitée par la tempête? Voyait-il tout son trouble, sa tristesse et son abattement? Elle qui avait voulu être forte et digne lors de sa rencontre avec le Kage pour discuter de sa réhabilitation, la voilà qui avait été présentée enchaînée comme un chien, et trop troublé pour pouvoir parler. Il avait devant elle une jeune femme épuisé par les voyages, du sang qui n’était pas le siens incrusté sous ses ongles, ses cheveux châtains ternes laissant à peine voir ses grands yeux tristes. Mêmes les tatouages de son clan paraissaient fades sur sa peau halée encore couverte de poussière.

Il se détourna soudain, et elle se sentit de nouveau faible, et courba l’échine. Quelle idiote elle faisait d’agir ainsi. Comment allait-il l’estimer maintenant? Elle qui avait voulu demander une faveur… Elle ne pouvait même pas garder la tête haute. La solitude l’étreignit violemment.

"Qui es-tu?"

Le ton de sa voix la fit tressaillir de nouveau, et Tsukimi comprit soudain quelque chose : il n’était pas comme lui. La douceur de cette phrase était toute nouvelle. Jamais elle n’avait entendue pareils mots dont émanaient tant de compassion. Elle releva le visage, surprise, mais ne put voir qu’une flamboyante crinière écarlate.

Elle réfléchit un instant, puis fouilla dans une poche de ses pantalons, faisant grogner un peu les ANBU qui l’entourait. Un instant plus tard, un bandeau frontal usé atterrissait près de l’Hokage. Tsukimi se racla la gorge, les tempes douloureuses.

- Je… je me nomme Inuzuka Tsukimi. J’ai été… absente un an de Konoha, murmura-t-elle de sa voix grave et rauque, ne pouvant camoufler l’inquiétude que trahissait son ton.

Soudain, elle mit le doigt sur la solitude et l’angoisse qui la tenaillait depuis son réveil. Elle se redressa d’un seul coup, le regard dangereusement intense et insistant fixé sur ses gardiens.

- Où est mon Tsukiyo? demanda-t-elle brusquement aux ANBU, presque agressive.